Ce film a été réalisé dans le cadre d'une résidence d'artiste à l'intérieur de la chapelle de l'hôpital St Jean de Dieu à Lyon.
Cette proposition de résidence, se présente comme le prolongement d'une expérience réalisée pendant plusieurs mois avec le compositeur Ollivier Coupille. Durant cette période l'architecture de la chapelle est devenue un laboratoire, un espace d'observation et d'expérimentation des effets de la lumière et de ses résonnances sur la matérialité de l'architecture.
Pendant cette période, Ollivier Coupille a créé et réalisé un dispositif sonore constitué d'un grand nombre d'oscillateurs (générateur de sons électroniques) en suspension dans l'espace de la chapelle pour former un tissu sonore dont les motifs varient selon l'intensité de la lumière.
C'est dans cette nappe sonore infiniment variable que j'ai arpenté l'espace de la chapelle, dans l'attente de percevoir une résonnance qui puisse passer par mes images. La résonnance des sons a orienté mes perceptions.
C'est sur le sol et les qualités multiples et changeantes de la matière du carrelage au dessus de la coupole que j'ai orienté ma caméra. Cette réflexion de la lumière sur le sol, qui renvoie une image inversée de la chapelle, empêche une identification trop directe de l'architecture, pour renvoyer à une respiration, une ondulation de la surface du carrelage, un mouvement où se superposent différents états de la matière.
Dans les variations parfois infimes de la lumière, peuvent apparaitre au même moment, une matérialité affirmée du carrelage et une immatérialité de la surface qui se dilue dans sa propre présence. En passant par le filtre de la réflexion de la lumière sur le sol, la chapelle n'est plus un objet architectural défini par ses contours, elle apparaît dans une dimension cosmique qui induit le mouvement de notre corps dans la rotation de la terre. Espace de passage qui retient ce que l'on ne peut pas nommer, qui se modifie en continu dans une dilatation et contraction de l'espace et varie en fonction des variations et des intensités de la lumière.
Je voudrais que mon film soit ce lent cheminement, impossible à cartographier, de la rotation de mon corps dans les mouvements de la lumière qui traversent la chapelle et la découvre comme un lieu venu d'un autre territoire.