texte à 2 voix – surtout des vagues | 2011-2012 |
d'une rencontre nous ne savons jamais ce qui peut en découler, ni de ses effets dans la durée, dans le corps, dans les choses, soit une rencontre profonde ou superficielle, soit amoureuse ou amicale, même s'il s'agit d'une rencontre avec une image, vue d'un coup d'œil, ou d'une phrase, lue trop rapidement, mais qui se prolonge pendant une semaine, un mois dans la tête, on ne sait jamais. je me rappelle une explication de deleuze, à propos de spinoza, qui parlait de ça, de l'intensité d'une rencontre et des taches qu'elle peut provoquer, laisser dans le corps, en fonctionnant comme une énergie qui peut déclencher d'autres choses. par contre, au lieu de continuer sur ce sujet là, je préfère le suspendre et retourner dans le temps, vers 2001, en livrant un souvenir : sofi était en train de faire le montage d'un travail, cor de burro quando foge, à fortaleza, et elle devait parler aussi du processus de cette installation. ainsi, j'étais invitée pour la traduction et, devant une audience très attentive, sofi m'a enseigné le sens du mot "basculer" – immédiatement, je me suis souvenue de la fenêtre de la maison où j'ai grandi, parce qu'elle avait des trucs qui ouvraient et fermaient, et au brésil on appelle ce genre de fenêtre "basculante".
je parle de cette histoire pour dire que, dès le début, on s'approchait de l'oscillation. après ça, on s'est rencontrées pas mal de fois en voyageant, et on peut parler de notre histoire des rencontres comme d'un cercle – plutôt un cerceau – qui bouge dans le temps : la couleur au fond était toujours le rouge, elle me montrait la variation de la lumière, mais j'insistais aussi sur le blanc (PAUSE) 1ère pause? donc, une invitation, 6 mois d'échanges très intenses avec des boîtes (correspondances, e-mails, idées) : l'échange comme une méthode, une manière de concevoir une exposition, "hier m'abandonne, pourquoi le retenir?" Li Po | 2006, à Mulhouse, qui rassemblait des œuvres individuelles dans un montage sur les trois étages d'une clinique médical, où nos travaux se touchaient dans cet espace non conventionnel pour accueillir une exposition d'art. parmi les travaux montrés, il y avait déjà un EU [JE] qui commençait à s'écrire, je est un autre | 2006 (PAUSE) à nouveau ? d'autres bavardages, d'autres voyages, brésil-france est un axe de mouvement permanent, un pont sur l'océan, et une nouvelle invitation apparaît – EU [JE] est une enveloppe adressée à sofi – suit l'indication :
Il
y a quelques années (en 2009), Érica passe à Paris, elle travaille
sur un projeto EU [projet JE]. Nous sommes assises au bord du
canal de l’Ourcq. Les lettres du mot EU [JE] se laissent emporter par
le courant. Elle me parle d’un texte qu’elle veut écrire, un texte
poétique qui s’articule autour du rythme des marées. Des fragments
de ce texte ont été publiés sur le site NOTES:
-> http://www.notesbulletin.net/note.php?note=109
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-> http://www.notesbulletin.net/PoemeVO.pdf |
érica zíngano et sofi hémon au bord du canal de l’ourcq, paris, 2009
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Il y a quelques mois (en 2011), je propose à Érica de travailler à nouveau ensemble. Je n’ai pas d’idées pré-conçues, sauf qu'il s'agit d'une vidéo + un texte : vidéotexte, sonimage, presque une hypothèse = surtout des vagues...
"je
travaille avec beaucoup de choses en même temps, comme
toi aussi tu travailles sofi et
avec d'autres personnes sur des projets différents comme
toi aussi sofi donc,
il y a toujours des choses individuelles et d'autres collectives (l'ensemble
et le seul) qui se dessinent, se touchent et
se séparent dans la masse temporel où nous sommes immédiatement immergées
pour
l'instant, pour nous deux, pour
surtout des vagues | 2011-2012 je
pense à nouveau aux envois par internet (e-mails,
blog) et aussi par la poste ou
par nos amis messagers (correspondances) en
effet, des envois comme le mouvement de la marée qui
apporte toujours une chose nouvelle à
chaque fois que les vagues vont et viennent vers la plage en dessinant la ligne mouvante du bord de la mer
comment
mes envois seront reçus ? et aussi les siens ? je
les vois comme des éléments, des fragments (des
pièces,
trop petites, d'un
puzzle) qui
vont donner une idée générale du travail et qui vont aussi nous aider à le construire pour le printemps
je
pense que cette fois-ci on est plus perméables vis
à vis les travaux collectifs qu'on a déjà développés moi
avec le projeto EU [projet JE] | 2009 et
aussi fio, fenda, falésia [fil,
fente, falaise] | 2010 écriture
signée par 3 corps et beaucoup de voix... et
toi, par exemple, avec Ollivier, Angie etc. je
crois qu'on pourra créer ensemble, pour le printemps, une
seule œuvre (et pas d'œuvres individuelles, intégrées
par le montage, comme on a fait en 2006 à
Mulhouse) et essayer de conjuguer la vidéo/image (sofi) avec le texte/son (érica) de façon à ce que cela soit une chose unique
aussi,
je considère
important, à ce moment, de laisser des traces, quelques
traces, mais de bonnes traces parce
que cela peut nous aider après
à faire un dessin de la pensée, d'accompagner
son mouvement, voir ses ruptures et ses continuités ses fuites et ses déroulements dans l'espace-temps
c'est
dans ce sens-là que la boîte
transparente
arrive chez loligo comme
l'un des envois qui fait partie du projet surtout des vagues”
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